Déforestation, déplacement de populations, émissions de gaz à effet de serre…, l’impact environnemental du chocolat est particulièrement lourd. Face à ces problématiques, le cacao éthique est avancé comme une solution plus durable. Pourtant, sa crédibilité demeurerait relative.
De l’urgence de réduire l’impact environnemental du chocolat
La culture du cacao est une activité qui fait vivre des milliers de petits paysans indépendants. Elle est surtout pratiquée par les migrants, qui ont pour habitude de défricher des parcelles de terre pour ce faire. Le défrichage constitue aussi un moyen pour les planteurs d’optimiser la teneur en matières organiques de la terre, car elles sont idéales pour faire pousser le cacaoyer. Cependant, cette pratique entraîne aussi la déforestation massive des zones de plantations. En Côte d’Ivoire, par exemple, 80 % de la couverture forestière a disparu en 50 ans à cause de cette culture. Sans compter que les parcelles finissent par s’épuiser, poussant les paysans à se déplacer pour défricher ailleurs. Si la forêt ivoirienne a payé cher la cacaoculture, aujourd’hui, ce sont les forêts du Liberia et de la Sierra Leone qui seront les victimes de demain.
À cela s’ajoute le recours aux pesticides et aux herbicides, devenus indispensables face aux nuisibles, de plus en plus envahissants à cause de la disparition des forêts. Ces conséquences démontrent l’ampleur de l’impact environnemental du chocolat, qui constitue toujours un produit de consommation courante.
Cacao éthique : moins de 5 % de la production mondiale porte ce label
Lorsqu’il est question d’acheter du chocolat de façon responsable, l’achat du cacao éthique est souvent présenté comme une solution. Ce dernier est obtenu auprès des planteurs agréés qui doivent respecter un cahier des charges en matière d’éthique. Toutefois, le spécialiste en agroéconomie, François Ruf, relativise la crédibilité de ce label. En effet, il apparaîtrait que les filières éthiques ne soient pas crédibles à grande échelle, et pour cause, la traçabilité du produit demeure hypothétique. Le spécialiste explique que les labels qui produisent ce cacao éthique achètent leur produit à des coopératives qui achètent elles-mêmes à des planteurs agréés. Ces derniers peuvent pourtant se fournir en cacao en dehors de leur zone de récolte officielle lorsqu’ils ne peuvent pas répondre à la demande. Il est ainsi d’usage que des planteurs achètent du cacao dans des filières qui ne s’engagent pas à produire de façon éthique pour combler un manque dans la production. Il est donc possible d’acheter du chocolat issu d’une production dite « éthique », dont les fèves proviennent pourtant de forêts classées et de réserves naturelles. Cette situation démontre que le cacao éthique n’est finalement pas la solution infaillible pour instaurer une filière plus responsable, équitable et durable.
L’agroforesterie, une solution pour réduire l’empreinte écologique du secteur
Face à l’urgence environnementale que représente le changement climatique, il est important de freiner la déforestation liée à la production du cacao. L’agroforesterie est prometteuse, car elle permet de limiter le défrichage des forêts au nom du chocolat. Les agroforêts permettent, en outre, de faire pousser une cinquantaine d’espèces végétales sous la canopée. Jusqu’en 1960, les planteurs ont d’ailleurs privilégié ce système en Afrique de l’Ouest. Aujourd’hui, l’une des rares agroforêts restantes se situe en Côte d’Ivoire, où les planteurs plantes des anacardiers avec les vieux cacaoyers. Cette solution leur permet de faire face à la sécheresse et à la mortalité des cacaoyers qui étaient aussi fragilisés par la maladie. Les paysans peuvent aussi optimiser leurs revenus en commercialisant à la fois du cacao et des noix de cajou. D’autres associations comme le cacao et l’hévéa fonctionnent également en agroforesterie et garantissent une autre source de revenus pour les planteurs. Ces derniers ont d’ailleurs intérêt à multiplier les activités, pour ne pas dépendre des cours du cacao.