Le prix du chocolat a connu une hausse depuis la fin de l’année 2023 et la situation pourrait ne pas s’améliorer dans les mois à venir. Effectivement, un virus du cacaoyer, propagé par des petites cochenilles, affecte les récoltes des cabosses de cacao en Afrique de l’Ouest.
Des cochenilles transportent le virus du cacaoyer
En Afrique de l’Ouest, un virus du cacaoyer ou Cocoa Swollen Shoot Virus (CSSV) se propage dans les arbres et cause la mort des arbres. Transporté par des petites cochenilles qui se nourrissent des feuilles et des bourgeons, cet agent pathogène provoque le gonflement des racines et des tiges. L’infection se reconnaît aussi par l’apparition de bandes veineuses rouges au niveau des feuilles. Ce virus végétal peut causer jusqu’à 50 % de pertes de récolte en pourrissant les fèves. La lutte contre sa propagation représente donc un défi majeur pour les acteurs de l’industrie cacaoyère. Le CSSV est une véritable menace pour la sécurité alimentaire, mais aussi l’économie des populations qui dépendent de cette production. Sans parler du fait que l’infestation peut aussi fragiliser la biodiversité !
La vaccination des arbres, une solution contre l’agent pathogène
Il ne s’agit pas du premier épisode de propagation du virus des pousses gonflées du cacao dans les plantations. Dans les années 40, le Ghana avait déjà connu ce fléau qui a causé la perte de plus de 254 millions d’arbres. La solution pour lutter contre le CSSV consistait alors à abattre les arbres malades. Cependant, l’abattage n’était pas optimal en termes de durabilité. Par la suite, la vaccination a été utilisée afin de protéger les arbres, mais elle reste chère pour les petits agriculteurs, qui n’ont pas les moyens de se le procurer. Par ailleurs, bien qu’elle soit efficace, la vaccination des arbres pose aussi un problème majeur : la baisse de rendement des arbres vaccinés. Même en y recourant, il est donc très important d’équilibrer la part des arbres vaccinés et non vaccinés pour ne pas mettre à mal la production.
Une étude pour optimiser l’efficacité du vaccin
Il est impératif de veiller à ce que la vaccination ne nuise pas à la production du cacao en diminuant le rendement des arbres. Des scientifiques ont étudié la question afin de déterminer la méthode la plus efficace pour planter les arbres vaccinés contre le CSSV. Pour ce faire, ils ont étudié ses mécanismes de transmission et la vitesse de déplacement des cochenilles. Leur étude leur a ainsi permis de concevoir deux modèles mathématiques garantissant la planification de la disposition des arbres vaccinés par rapport aux arbres non vaccinés. La combinaison de ces deux modèles permettra aux agriculteurs de mieux protéger leurs arbres tout en protégeant leur rendement.
Deux modèles mathématiques pour contrer efficacement le CSSV
Les scientifiques ont mis au point deux modèles mathématiques destinés à aider les agriculteurs à planifier la disposition des arbres de manière à créer une barrière protectrice contre les virus.
Le premier modèle considère la dynamique de la transmission du CSSV entre les arbres par rapport à leur espacement, à la distance de la plantation et au déplacement des cochenilles. Son utilisation permet de connaître l’espacement optimal à respecter pour planter les arbres.
Le second modèle, conçu à partir de simulations informatiques, intègre des variables aléatoires qui interviennent dans la transmission du CSSV. Il peut être utilisé pour comparer les scénarios et décider de la meilleure stratégie de plantation à adopter pour protéger les cultures.